Avec trente rames du RER B qui seraient contaminées et les mensonges de la direction, il se pourrait bien que l’on s’y achemine.


Gare RER de Fontenay-aux-Roses (photo: x)
Gare RER de Fontenay-aux-Roses (photo: x)
Du mensonge par omission….

Alors que tout devait «rentrer dans la normale» aux alentours du 20 septembre, cette semaine encore comme les semaines passées, le trafic du RER B a été réduit à cause du manque de matériel roulant disponible, retiré des voies pour « maintenance » selon les informations indiquées sur les panneaux des quais. Ce que la RATP ne dit pas dans ses informations aux voyageurs qui empruntent quotidiennement la ligne, c’est que cette maintenance est liée à la découverte de poudre d’amiante sur des voitures «rénovées» qui ont été mises en service en février dernier. Il y a là à tout le moins un mensonge par omission. Ceux qui n’ont pas lu les journaux ou écouté les médias locaux ne savent pas.

…au mensonge pur et simple.

Selon certaines sources, ce serait une trentaine de rames qui serait contaminée, toutes celles qui ont été rénovées. La Régie a d’abord affirmé que le matériau cancérigène était dans des caissons, confiné et donc non dangereux, avant que soient divulguées les analyses du laboratoire Bio-Goujard.

Ce laboratoire a constaté que de l’amiante a été retrouvée dans les freins, à l’air libre, donc potentiellement dangereuse pour les agents et salariés tout d’abord qui sont les plus exposés mais aussi pour les nombreux usagers quotidiens de la ligne qui peuvent avoir des craintes légitimes pour leur santé. La direction de la RATP a donc menti. Les syndicats ont demandé que soient effectuées des recherches sur la présence éventuelle de fibres d’amiante dans les tunnels du RER B que les rames contaminées ont empruntées. Pourquoi la Régie refuse-t-elle de le faire ? Elle est pourtant tenue d’assurer la sécurité de ses agents et salariés comme celle des usagers.

Le silence assourdissant des élus régionaux.

Si la RATP n’est guère prolixe et aurait même tendance à mentir sur cette contamination, le silence des responsables du STIF et des élus régionaux est assourdissant. Pourtant maintenant le Président de la Région, Jean-Paul Huchon qui est aussi président du STIF est rassuré sur son avenir. On ne l’a guère entendu. Le vice-président chargé des transports est tout aussi muet et inerte. Il s’agit pourtant d’un élu d’Europe-Écologie – Les Verts, Jean-Vincent Placé. Il devrait donc être sensible à ce genre de problème. Mais il faut dire que Jean-Vincent Placé visait un fauteuil de sénateur qu’il vient d’ailleurs d’obtenir. Il avait donc d’autres soucis en tête…

Le RER B parent pauvre des RER !

Le RER B reste le parent pauvre des RER et la branche Robinson la branche la plus miséreuse, celle qui continue de servir de variable d’ajustement par suppression de trains lorsque les retards s’enchaînent sur la ligne. Alors que le RER A aura des voitures flambant neuf, le B devra se contenter de ces voitures reconditionnées qui, notons-le au passage, comporteront moins de places assises et n’auront plus de porte bagage. Cerise sur le gâteau, voilà maintenant que ce matériel est contaminé par de la poussière d’amiante. Il pourrait s’agir, selon une source syndicale, de fibres de chrysolite. Il n’y aurait rien d’étonnant à cela car si ce type d’amiante a été classé cancérigène en France dès 1977, il n’a été interdit dans notre pays que depuis 1997. Avant cette interdiction, cette fibre était un composant principal des matériaux de friction, des joints et garnitures à haute température. Il est donc tout à fait vraisemblable que cette fibre entrait dans la composition d’éléments des freins des rames qui ont été reconditionnées. Si la ligne B avait été équipée avec des rames neuves au lieu de ce matériel d’occasion, il n’y aurait pas eu d’amiante de découverte.

Un enthousiasme déplacé…

Aujourd’hui on ne peut relire sans sourire dans le magazine municipal de Fontenay de mars 2011 l’article consacré à la présentation en grandes pompes par Pierre Mongin, PDG de la RATP et Jean-Paul Huchon en qualité de président du STIF de ces rames rénovées : « Le nouveau matériel sera plus confortable et plus sûr. Il permettra également de réduire les problèmes techniques des anciennes rames qui engendraient de fortes perturbations sur la ligne » Les usagers tassés comme des sardines dans des rames bondées à cause du service réduit dû à la maintenance de ce matériel d’occasion ne seront assurément pas aussi enthousiastes que le rédacteur de l’article ! Le maire de Fontenay s’est bien avancé lorsqu’il a déclaré à cette occasion « la Région a entendu nos demandes ». Non, hélas, « la priorité » n’est pas donnée « à l’amélioration de la ligne du RER B » et depuis que la Région préside le STIF, rien n’a changé, ou si peu. Signalons par parenthèse que Mongin a même trouvé le moyen de diminuer la fréquence des trains pour les usagers qui le prennent quotidiennement. Il a émis l’idée de faire circuler sur les voies du RER B dans la partie nord des rames spécialement réservées à la desserte de l’aéroport de Roissy, des directs Roissy – Gare du Nord pour les touristes ou hommes d’affaires, direct que les usagers franciliens lambda verront passer à toute vitesse devant le quai où ils poirotent. Deux flux de voyageurs qu’il ne faut pas mélanger selon les propos assez ahurissants du PDG. Ces propositions et ces propos, aucun élu de Gauche ou d’EE-LV siégeant au Stif ne les ont relevés. Son président de gauche, JP Huchon, pas d’avantage. Il est à craindre que cette proposition soit votée par cette instance qui, aujourd’hui comme hier, siège à huit clos dans la plus grande opacité. Avec la diminution du trafic pour maintenance des rames rénovées, on voit ce que pourrait signifier toute réduction des fréquences pour l’usager francilien. Si «la priorité» avait été donnée à l’amélioration de la ligne B, il n’y aurait aujourd’hui ni de problèmes de contamination à l’amiante, ni de trafic réduit pour cause de maintenance, trafic réduit qui risque de durer : ce sont des voitures neuves qui auraient été mises en services, pas du matériel d’occasion.

Exiger la vérité, des mesures de protection efficaces avec un retour rapide à la normale.

La bataille n’est pas terminée, même avec un président de la Région PS. Les usagers, les élus de terrain doivent continuer de se battre pour que l’on puisse voyager dans de bonnes conditions sur ce RER et notamment sur la branche Robinson. En ce qui concerne plus précisément cette question de la contamination par l’amiante, il faut exiger la vérité, une protection efficace et des mesures pour un retour rapide à la normale du trafic. J’ai déposé au nom du groupe écologiste de Fontenay-aux-Roses un vœu en ce sens pour la séance du Conseil municipal du 13 octobre. Il s’agit de faire pression sur la RATP et les élus du STIF pour que ces exigences minimales soient satisfaites.


Mardi 11 Octobre 2011 Commentaires (1)
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